Élisabeth Toutut-Picard (diplômée Toutut, promo 1976), de la direction d’un hôpital à l’Assemblée nationale


Publié le 1{st} décembre 2017 dans "" | Rédigé par Déborah Lejuste

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Ancienne directrice d’hôpital, Élisabeth Toutut-Picard (diplômée Toutut, promo 1976) a été élue en juin dernier députée de la 7e circonscription de la Haute-Garonne. Derrière le parcours brillant d’une élève modèle, il y a aussi un enchaînement de rencontres, de choix et d’évidences. Ce type de parcours qui vous fait dire que rien n’est impossible, que tout est source d’expériences et que rien n’arrive par hasard. Que d’une passion peut naître un parcours de vie !

1972. Attirée par l’étude de l’Homme et de son environnement, elle choisit d’en explorer tous les aspects. En effet, sa première année de psychologie finie, elle décide de coupler les années suivantes de cette formation avec les cours dispensés à l’IEP de Toulouse. Durant trois années, c’est avec une énergie nourrie par la curiosité que notre étudiante jongle entre les cours d’une université du Mirail en plein essor et les salles d’enseignement du centre-ville.

Ce choix du double cursus, peu commun (le double cursus Droit – Sciences Po était plus fréquent à l’époque) implique une organisation rigoureuse. Tantôt les trajets se font en bus, le 148 se rappelle-t-elle, tantôt en voiture empruntée. Il faut passer très vite d’un lieu à un autre et les horaires, souvent incompatibles entre les deux établissements, lui imposent un travail en binôme avec un autre étudiant qui a fait le même choix qu’elle. En s’entraidant mutuellement pour la prise des cours, ils parviennent à obtenir tous deux leurs diplômes !

Élisabeth Toutut-Picard n’a alors aucune idée du métier qu’elle souhaite exercer, son intérêt étant ailleurs : elle est animée avant tout par sa soif de savoir et le plaisir de comprendre. Ce n’est que vers la fin de son cursus, en 1977, DESS (Master 2) de Psychologie sociale et de la vie du travail (UER Toulouse Mirail) en poche, que son regard est attiré dans le hall de l’IEP par des affiches qui annoncent les dates du concours d’entrée à l’École nationale de la santé publique de Rennes (ENSP, devenue l’École des hautes études en santé publique, EHESP, en 2007) qui forme les directeurs d’hôpitaux.

Se mettre à la disposition de la collectivité, travailler au plus près de l’humain, servir son pays en devenant fonctionnaire comme son père l’avait été avant elle, son parcours professionnel est désormais clairement tracé ! En 1978, Élisabeth Toutut-Picard intègre l’ENSP.

Le stage obligatoire initial de deux ans à l’ENSP se déroule en banlieue parisienne, en Seine-Saint-Denis, le hasard faisant que le directeur de l’établissement soit originaire de Figeac dans le Lot.

Puis pendant quinze ans, Élisabeth Toutut-Picard occupe tous les postes fonctionnels dans divers hôpitaux de Paris ou en région, comme celui de gestionnaire en charge de budgets ou de responsable des ressources humaines : « La direction d’hôpital ne requiert pas simplement des connaissances mais également des qualités humaines et une foi indéfectible dans le service public », explique-t-elle aujourd’hui.

Tout au long de sa carrière, elle a constaté l’évolution de son métier écartelé entre des injonctions paradoxales : améliorer l’offre de soins tout en veillant à respecter des équilibres financiers de plus en plus difficiles à tenir. Elle rappelle que l’hôpital public accueille indifféremment tous les patients quelles que soient leurs situations financières.

Une suite d’expériences et d’engagements

Compassion, empathie, pragmatisme sont des valeurs qui l’ont malgré tout portée au long de sa carrière hospitalière qu’elle ait été considérée comme administrateur, gestionnaire ou manager.

Au début des années 2000, Élisabeth Toutut-Picard est choisie pour assurer la direction conjointe de l’Hôpital des enfants et de la maternité Paule de Viguier du CHU de Toulouse pendant plus de cinq ans.
C’est à l’occasion d’une démarche expérimentale de « management environnemental » menée dans ses deux établissements qu’elle prend conscience des enjeux du développement durable. Cette découverte est pour elle une révélation qui la conduit, parallèlement à son engagement hospitalier, à reprendre le chemin de la faculté, celle de Paris-Dauphine pour obtenir un diplôme de Master 2 en développement durable.

Puis Élisabeth Toutut-Picard devient adjointe au maire de Toulouse en charge des questions de « Développement durable et de nuisances industrielles » et préside la Commission « Environnement, développement durable et énergies » de la Communauté urbaine de Toulouse Métropole. « La vie semble être une succession de hasards, mais en définitive, confie-t-elle, si je n’avais pas suivi mon feeling, développé ma fibre sociale et soutenu des actions en matière de développement durable, aurais-je pu défendre mes convictions environnementales et humanistes à la mairie et à la métropole de Toulouse ? »

Son action politique aurait pu s’arrêter là si elle n’avait pas lu le livre d’Emmanuel Macron, Révolution, là encore, une évidence ! Inspirée, et même aspirée, par l’énergie de ce qu’elle appelle « la comète Macron », en accord avec son époux, elle se présente aux élections législatives et parvient à se faire élire ! « Être députée, c’est énormément de travail, mais quelle satisfaction intellectuelle et humaine ! »

Effectivement Élisabeth Toutut-Picard est très active tant au niveau local qu’au niveau national : elle préside la Mission d’information parlementaire sur les produits phytopharmaceutiques (dont le glyphosate), est membre de la Commission nationale de déontologie sur les alertes en matière de santé et d’environnement (CNDASE) et préside le « Club 21 », une instance transpartisane et intercommunautaire qui regroupe, sur la base du volontariat, les élus de la métropole toulousaine intéressés par les enjeux de développement durable et des énergies. À l’Assemblée, elle est intervenue sur l’article 7 du projet de loi de financement de la Sécurité sociale au sujet de la CSG et de son impact sur les retraités et les budgets hospitaliers.

« Cette suite d’expériences et d’engagements m’aura permis de donner du sens à ma vie et d’être un jour en capacité de transmettre ce que j’ai appris », explique Élisabeth Toutut-Picard.

Elle ajoute ce conseil qui résonnera auprès des étudiants de Sciences Po Toulouse : « Ne jamais désespérer de la vie tant qu’on reste fidèle à soi-même et à ce dont on est porteur. La vie est alors au rendez-vous et vous apporte ce dont on a besoin pour grandir et se réaliser ».

Une réponse à “Élisabeth Toutut-Picard (diplômée Toutut, promo 1976), de la direction d’un hôpital à l’Assemblée nationale”

  1. Ibrahima Bèye dit :

    Bonjour,
    Je suis de la promotion 1976, de Sciences Po Toulouse et serais ravi de pouvoir échanger avec cette grande intellectuelle que j’ai perdue de vue
    Pour ma part, je suis rentré au Sénégal, mon pays d’origine, à la fin de mes études. Ainsi, j’y ai embrassé une de carrière de haut fonctionnaire, avant de rejoindre le Système des Nations-Unies

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